« Dans la jungle d’images post-post-moderne, Marianne Muller fait semblant de chercher des connexions, de retrouver ou de créer – d’inventer – du sens. Mais un sens de pacotille, des connexions qui fonctionnent mal et corrompent les relations entre signifiant et signifié. Le spectateur s’aperçoit qu’il adhère malgré lui à ces rapprochements brutaux : lui aussi trouve que cette fraise ressemble à une grenouille, que cette cheminée d’usine ressemble à une femme… Et que c’est donc, d’un certain point de vue, la même chose. Le scandale de ce flagrant délit de complicité avec le monstre du « tout se vaut », ce timide signe égale, fait naître et grandir le doute : ce que je regarde vaut-il d’être regardé, et pourquoi au juste ? Brouillage des catégories, étrange moyen terme entre rire et malaise, entre émotion esthétique et intellectuelle, labyrinthe dangereux
dans lequel on veut toujours s’aventurer un peu plus loin et qui ne finit jamais.
Benjamin Abitan
Réalisateur de fictions / Radio France